savoirs et des savoir-faire patrimoniaux et artistiques entre le Maroc et les pays méditerranéens


Dans ma thèse, intitulée Le regard français sur le patrimoine marocain : conservation, restauration et mise en valeur de l’architecture et de l’urbanisme des quatre villes impériales sous le protectorat (1912-1956), j’ai démontré comment la présence française avait instauré la notion de patrimonialisation au Maroc en créant des méthodes permettant la conservation de l’architecture et de l’urbanisme
arabo-musulmans des quatre villes impériales marocaines. Dans cette thèse, j’ai aussi abordé la notion d’échange de savoirs et de savoir-faire patrimoniaux entre la France et le Maroc mais aussi entre les autres colonies françaises de Méditerranée. En effet, les projets mis en place pour la préservation des médinas sont basés sur les lois patrimoniales françaises et tunisiennes créant les nouvelles législations patrimoniales marocaines. Ces dernières, sont, en retour, à l’initiative du renouvellement de la
législation française de 1919 et 1924 mais aussi de celles des colonies françaises en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Le Maroc tisse aussi des liens avec le Portugal et l’Espagne lorsqu’il s’agit de restaurer des édifices arabo-musulmans et portugais. Ces rapprochements permettent l’instauration de techniques de restauration communes entre les trois pays ainsi qu’un essor des recherches historiques et artistiques concernant les édifices de ces périodes.
Avec la patrimonialisation du Maroc, se met aussi en place la relève de l’artisanat d’art qui est utilisé pour la restauration des arts décoratifs des monuments historiques marocains mais, il est aussi une des composantes de l’économie marocaine. Des techniques et méthodes, à la fois modernes et ancestrales, permettent donc la relance de l’artisanat d’art marocain. Ces dernières vont être adaptées en Algérie, en Tunisie et dans les mandats français du Proche-Orient dès les années 1930.
Mon objectif de recherche s’attache donc à démontrer que la patrimonialisation du Maroc, engendrée par le Protectorat français, a permis la sauvegarde d’édifices arabo-musulmans, antiques et portugais ainsi que l’échange d’informations sur les méthodes de conservation et de restauration de l’architecture et de l’artisanat d’art avec le Portugal et l’Espagne, l’Algérie, la Tunisie, la Syrie et le Liban. Ces relations ont favorisé un renouvèlement des études et des moyens de sauvegarde du patrimoine aussi bien au Maroc que dans les autres pays méditerranéens.

Enfin le travail des peintres français au Maroc s’intègre, quant à lui, dans un mouvement pictural dont le but est associé à celui des lobbies coloniaux. Ils sont à l'origine de la création de mouvements artistiques marocains tendant vers le renouvellement et la modernité des motifs picturaux.







dimanche 20 janvier 2013

Joseph de la Nézière et le Maroc de 1914 à 1923


Joseph de la Nézière (1873-1944) est un peintre orientaliste, ethnographique[1],  un peintre de « race »[2] pour certains mais en tout cas il est un grand voyageur. Tout au long de ses périples dans plusieurs contrées du monde, il a su capter les traits essentiels, peut-être un peu pittoresques, des différentes cultures et sociétés qu’il a croisées. Sociétaire des Peintres orientalistes français, il expose depuis 1897, à leur salon annuel, des vues et scènes des différents pays qu’il a visités comme la Bosnie-Herzégovine en 1894, la Tunisie en 1897, l’Afrique occidentale française en 1898,  La Chine, la Corée, le Japon entre 1901 et 1902, le Siam en 1901 et 1911 ou encore l’Inde en 1906-1907[3]. De ces contrées lointaines, il rapporte des dessins et peintures illustrant les moments de la vie quotidienne, des portraits d’inconnus ou de souverains et des paysages. Joseph de la Nézière est un peintre itinérant jusqu’en 1914 où il se fixe pour  neuf ans au Maroc. L’artiste a déjà séjourné dans ce pays. En 1908, il a visité Tanger et a même exposé quelques dessins lors du Salon annuel de cette ville. Mais il se fixe au Maroc que lorsqu’il reçoit sa mobilisation dans l’armée le 30 août. Il arrive au pays chérifien en novembre 1914. Le 13 décembre, il est nommé Caporal des zouaves à la Résidence générale du protectorat français au Maroc[4].  Ainsi promu officier de l’armée coloniale marocaine, il ne va pas pourtant être utile sur les champs de bataille mais ses talents d’artiste vont servir la cause de Lyautey. En effet, ce dernier veut rénover le royaume chérifien sur le plan économique et administratif. Mais le Maroc depuis la signature du protectorat le 31 mars 1912 est en proie à des soulèvements de populations contre la présence française. Hubert Lyautey a été envoyé dès avril 1912 pour remettre de l’ordre dans le pays et instauré physiquement le protectorat avec l’aide de l’armée coloniale. Cependant la situation conflictuelle des années 1914-1918 n’arrange en rien la politique de pacification engagée. Avec le peu d’hommes encore présents et les soldats non valides pour le front, Lyautey s’engage à maintenir le Maroc sous la tutelle française. Il développe une politique de mise en valeur de la culture marocaine dont les peintres, sculpteurs, architectes et autres artistes en sont les artisans. Joseph de la Nézière fait partie de ces maîtres d’œuvre de l’art marocain, il est incorporé, en 1915, au Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques dirigé par un autre peintre, Maurice Tranchant de Lunel.  C’est dans cet organisme qu’il va mettre en place la sauvegarde des arts du Maroc et la valorisation des beautés du pays.


[1] Théliol, Mylène, « L’Extrême-Orient dans la peinture du début du XX° siècle : la vision de l’artiste orientaliste et ethnographe, Joseph de la Nézière. », SINOPIA 2, septembre 2004, p.61 à 75.
[2] Legrand, Alain, « Joseph de la Nézière, peintre de « race » », Philatélie populaire, n°514, juin 2006, www.philatelie-populaire.com.
[3] Théliol, Mylène, La Société des peintres orientalistes et Joseph de la Nézière, DEA d’histoire de l’art, Université Aix-Marseille I, 2003.
[4]  Biographie de Joseph de la Nézière, www. delaneziere.free.fr/joseph

VERS UN BOULEVERSEMENT DES TRADITIONS MAROCAINES ? L’ENTRETIEN ET LA CONSERVATION DES EDIFICES HABOUS AVANT ET DURANT LE PROTECTORAT



Les Habous sont une fondation pieuse créée au XIème siècle au Maroc dont le but est d’aider les nécessiteux et de gérer le bien public de la communauté musulmane notamment les édifices publics d’intérêt général comme les lieux de culte (mosquées, zaouïat, médersas), les msids (écoles primaires), les hammams, les fontaines, les égouts, les places publiques, les remparts des médinas, les cimetières et les latrines publiques. Afin d’entretenir ces différents bâtiments, les Habous reçoivent des dons soit de particuliers soit du Maghzen[1] lui-même. Cependant les Habous ont aussi le droit d’acquérir des terrains agricoles et des immeubles de rapport tels que des commerces, des fondouks et des habitations dans les médinas. L’ensemble de ces biens est loué à des particuliers. Ainsi, les Habous perçoivent des dons en espèce mais aussi les loyers de leurs différentes propriétés. Le patrimoine habous est très étendu dans l’ensemble du Royaume chérifien. Dans les quatre médinas les plus importantes du pays, Rabat, Fès, Meknès et Marrakech, plus de la moitié des immeubles de rapport et des terrains agricoles  leur appartiennent. Les biens habous sont inaliénables et imprescriptibles.
Depuis le XIème siècle, cette fondation s’est pérennisée au Maroc, bien qu’elle se soit modifiée avec l’instauration du Protectorat français. En effet, son organisation mais aussi la pratique de l’entretien des biens publics ont été bouleversés. Si jusqu’en 1912, toute la gestion des édifices publics relevait des Habous, rapidement, l’ingérence de la municipalité et du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques change la donne. Mais comment ces modifications s’opèrent-t-elles ? Ces transformations aboutiront-elles à la remise en cause des Habous? L’étude de la gestion et de la pratique administrative habous des édifices publics, avant puis pendant le protectorat, permettra de mettre en relief les ruptures et les continuités entre ces deux périodes.  En effet, si le protectorat inaugure une modification administrative importante, celle-ci ne rompt pas avec l’héritage du pays.


I) Les Habous, seuls gestionnaires des édifices publics des médinas marocaines.

             Afin d’administrer les édifices publics, les Habous, depuis le XVIII° siècle, nomment un nadir par ville.  Cet administrateur, qui est placé sous l’autorité du cadi[2] et du Sultan lui-même, a la gestion de tous les édifices cultuels comme les mosquées, les zaouïat et les médersas. En ce qui concerne les mosquées, les nadirs doivent veiller pour que les bâtiments ne se détériorent pas, que les salles de prière soient pourvues d’assez de nattes pour les croyants, que les latrines attenantes aux bâtiments et les fontaines d’ablutions fonctionnent bien et soient propres. Si ces édifices sont en mauvais état, le nadir est chargé de trouver et d’employer des maçons et des charpentiers pour la réparation des toits et des murs. En ce qui concerne les décors architecturaux intérieurs, il fait appel aux divers artisans fassis spécialisés dans l’art du plâtre ouvragé, du zellige et de la sculpture sur bois. Ces mêmes dispositions sont réalisées pour les réfections  ornementales des cours intérieures  des zaouïat[3] et médersas.
Le principal entretien consiste à réparer les toitures, les décors de plâtre, le bois des linteaux et à remplacer les zelliges des piliers. Ce travail s’effectue en plusieurs étapes.  La première consiste à fabriquer de nouvelles mosaïques en céramique (zelliges). Les motifs sont dessinés sur des plaques d’émail de couleurs différentes d’après un modèle de papier. Ils sont ensuite découpés avec l’aide d’un marteau à bout plat. Chaque tesselle de même couleur est placée dans un petit sac. Un moule de bois ou en métal représentant un damier de quarante-huit cases est réalisé. Les tesselles sont ensuite placées, l’émail contre le sol, sur l’ensemble de ce panneau suivant les anciens modèles. Un mortier est ensuite coulé afin de maintenir le damier en un seul bloc. Le pilier est alors badigeonné de cette préparation sur laquelle est plaqué le panneau de zelliges créé précédemment[4].  Pour la réfection du plâtre, l’artisan enlève la partie dégradée et la recouvre d’une couche épaisse de plâtre frais. Après ce badigeonnage, le sculpteur dessine les motifs en ôtant de la matière. Cette opération permet de donner du relief à la matière. Le bois des linteaux est traité de la même manière que le plâtre, il est taillé à faille profondeur.  Les motifs réalisés sont identiques aux modèles originaux. Sur les linteaux des médersas mérinides, ils sont d’ordre floral comme le cinq-feuilles et la palme asymétrique à calice sur les encadrements des arcs des façades[5].

             Outre la gestion des édifices du culte, le nadir est aussi chargé de recruter du personnel pour entretenir les remparts et les portes d’entrées des médinas, les fontaines et les abreuvoirs. En ce qui concerne le nettoyage des égouts, ce sont les moqqadems[6] de quartier qui doivent faire exécuter les travaux. Le curage est payé par les habitants des immeubles desservis par ces égouts. Le nadir veille aussi à ce que l’alimentation en eau potable des villes se fasse dans les meilleures conditions possible puisque l’ensemble des sources qui fournissent l’eau appartiennent aux Habous.
Les nadirs jouent donc un rôle primordial puisqu’ils doivent assurer le bon fonctionnement des biens publics. Cependant leur rôle est de plus en plus décrié au début du XX° siècle et notamment juste après l’instauration du Protectorat français, en 1912, entrainant de profondes modifications dans leur organisations. Deux pétitions adressées au Grand Vizir (premier ministre du Sultan), l’une par les habitants de Rabat, le 14 janvier 1914[7], et l’autre, en septembre 1918, par les notables de Marrakech[8], déplorent que les mosquées des deux médinas soient mal entretenues. La lettre adressée par trente-trois notables de Rabat au Grand Vizir le 14 janvier 1914 est particulièrement éclairante. Les pétitionnaires soulignent « l’état déplorable où se trouvent actuellement certains édifices religieux de (la) ville qui menacent ruine. Les mosquées sont, depuis quelques temps, en état de délabrement, des réparations y sont nécessaires et notamment aux toits de la grande mosquée que certains nadirs avaient projetés de faire réparer sans jamais donner suite à ce projet »[9]. Ils dénoncent le « mauvais fonctionnement des services » et la mauvaise répartition des revenus habous. « Les revenus des Habous se sont encore accrus avec la location de maisons, la suppression de postes de professeur dans les mosquées et la faible dotation aux nécessiteux (…) (pourtant) Nous avons vu des mosquées dénuées de nattes, d’autres en renferment quelques-unes. La propreté y fait extrêmement défaut et les fonctionnaires sont devenus négligents. La cause est due à l’imprudence des nadirs peu avisés qui se bornent à amasser sans rien donner comme si les revenus des Habous étaient des impôts. Or, les Habous n’en sont pas. C’est une œuvre de bienfaisance et d’assistance publique »[10]. Ces virulentes critiques poussent les autorités, toujours à l’écoute de la bourgeoisie marocaine, à réorganiser les Habous. Ils vont être codirigés par les Français et certaines de leurs attributions seront données à deux organismes nouvellement créés, la municipalité et le Service des antiquités, beaux-arts et monument historiques.

II) La réorganisation des Habous et les bouleversements qui en résultent

                 Le 30 mars 1912 est signé le traité de Fès entre le sultan Abd-al-Hafid et Regnault, ministre de France à Tanger. Cet accord, qui place le Maroc sous tutelle française et définit le Protectorat, précise : « ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan, l’exercice de la religion musulmane et des institutions religieuses, notamment celle des Habous »[11]. Cependant, si l’instauration du Protectorat français n’entraîne pas la disparition des Habous, ces derniers sont administrativement réorganisés même s’ils sont maintenus, en partie, dans leur cadre traditionnel. L’idée de conservation des structures administratives marocaines est en effet à la base de la politique du premier résident général, Louis-Hubert Lyautey (1854-1934). Cette « politique indigène » concerne essentiellement la protection des mœurs et coutumes marocaines et l’intégrité du pouvoir spirituel du Sultan. L’autre notion phare de cet accord, non contradictoire avec celle précédemment évoquée, est la modernisation économique et administrative de l’Empire chérifien. C’est donc dans cette scrupuleuse optique qu’Hubert Lyautey tend à diriger le Maroc, dès sa nomination le 27 avril 1912.   
Ainsi le service des  Habous est toujours composé d’un personnel exclusivement marocain cependant ce dernier passe sous le contrôle discret de quelques Français et notamment de Joseph Luccioni[12], entre 1919 et 1956. Ces modifications répondent à des objectifs précis. Elles mettent un terme définitif à la dilapidation du patrimoine habous, observation qui avait été faite lors de l’inventaire des biens habous ordonné par la Résidence et effectué entre 1912 et 1915[13].  Lors de ce recensement, il a été constaté que de nombreux terrains et immeubles appartenant à la communauté musulmane n’existaient plus sur les registres des nadirs. De plus, beaucoup de biens immobiliers (commerces, bains, fondouks, moulins, habitations) et des terrains agricoles et urbains ne rapportaient pas assez d’argent malgré leur valeur. Les nadirs, par négligence ou par consentement, avaient donc permis le développement de nombreuses malversations. « Détournement, dissimulation de recettes, exagération des dépenses, destruction de titres et d’archives, tous les moyens leur étaient bons. Certains même agissant de connivence avec les locataires, les cadis et les représentants locaux du maghzen, se sont approprié une partie des biens confiés à leur garde ; ils en ont vendu d’autres ou ont consenti des baux à long terme incompatibles avec la loi coranique ou même la vente de clé »[14].  En effet, les locataires ne payaient plus la guelsa ou la gza[15]  ou s’insurgeaient contre le prix de ce bail. D’autres avaient sous-loué leurs commerces ou habitations afin de percevoir plus d’argent. Enfin, le Maghzen,  sous le règne de Moulay Abdel Aziz (1894-1908) et de Moulay Hafid (1908-1912)[16], avait aussi spolié des terres et immeubles habous pour son propre compte.  Ainsi depuis plus de vingt ans, les revenus des Habous, n’étant pas assez important, ne permettaient plus l’entretien des bâtiments cultuels.  Afin de renflouer les caisses de la communauté, la Résidence a effectué de grandes transformations administratives. La première mesure est la création, au sein du Maghzen, de la Direction générale des Habous par le dahir du 30 octobre 1912 qui est érigée en vizirat par promulgation du  décret chérifien du 4 août 1915. Cet organisme a pour but de surveiller et de contrôler la gestion et la comptabilité des biens habous privés, publics ainsi que ceux des édifices du culte[17]. Le dahir du 27 février 1914, quand à lui, réglemente le système de locations des biens habous[18]. Les commerces, les fondouks, les hammans ainsi que les habitations sont loués aux enchères publiques pour une période de deux ans. Les terrains agricoles et urbains non bâtis, servant uniquement à des travaux de culture, sont loués aux enchères publiques pour un an seulement[19].

            Ces différents changements sont accompagnés de bouleversement dans la pratique de la gestion des biens publics habous. L’entretien des égouts, des fontaines, des abreuvoirs et l’approvisionnement en eau des villes passent sous la direction de la municipalité[20]. Dès 1913, la municipalité de Rabat effectue le curage des différentes rues de la médina. Elle commence par les grandes artères comme la rue Souïka, el Gza et celle des Consuls puis par les ruelles adjacentes à ces voies principales. Les travaux durent jusqu’en 1920. Certaines fontaines comme celles de la rue Sidi Fatah ont été refaites intégralement. Pour cela la municipalité a fait appel au Service des antiquités, beaux-arts et monument historiques créé le 26 novembre 1912 dont le but est de préserver et de classer des monuments ayant un caractère historique et esthétique très prononcé au sein des médinas marocaines. Il a aussi pour tâche de relever l’artisanat artistique qui connait un léger déclin depuis le début du XX° siècle dû à l’affluence de l’importation de produits manufacturés européens et asiatiques. Ainsi dès 1913, la priorité est de répertorier les différents types d’artisans. Lyautey nomme un agent du Secrétariat général pour effectuer une mission d’étude à Rabat-Salé, Meknès et Fès, en vue d’établir la situation générale des corporations au Maroc et de proposer des mesures propres à leur relève[21]. Les premiers métiers à être rénovés sont ceux des décorateurs d’architecture tels que les menuisiers, les créateurs de zelliges, les stucateurs et les peintres sur bois. Les pratiques artisanales traditionnelles sont maintenues en activité grâce à la création d’ateliers d’enseignement professionnel identiques à ceux élaborés en Algérie. Pour mettre en place ces mesures, Lyautey à fait appel en 1912 à Prosper Ricard[22], inspecteur de l’enseignement artistique et industriel dans les écoles indigènes algériennes entre 1909 et 1912.  Le  Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques a donc dirigé des artisans marocains encore en activité afin de remettre en état le décor en zelliges des fontaines publiques de Rabat notamment celles des rues Sidi Fatha, des Consuls et d’El Gza.

             En ce qui concerne les mosquées et les zaouïat, certaines ont été classés comme monuments historiques[23].  Les nadirs sont toujours chargés de les entretenir cependant si des réparations doivent être réalisées sur les façades extérieures, ils sont obligés de suivre les instructions des architectes du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques. En effet, les façades doivent être rénovées dans le style originel de l’édifice avec des matériaux locaux (briques, pisé et mortier). Comme les médersas de Fès, Meknès, Marrakech et Salé ont été elles-aussi inventoriées au patrimoine bâti[24], leur réparation dépend à la fois du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques et des Habous. Les deux organismes paient chacun une partie des travaux. Les premières rénovations commencent en 1917 à la médersa Al Attarine à Fès. Le 7 mars 1917, l’architecte Marcel Rougemont est chargé de s’occuper et de surveiller des restaurations[25]. Fin avril 1917,  les premiers devis étant effectués,  les auvents des oratoires et les toits des patios sont refaits. Entre 1917 et 1918, les murs latéraux de la cour de la médersa Al Attarine sont dépouillés de ses plâtres ouvragés, zelliges et bois sculptés. Les murs sont démolis au niveau supérieur ainsi que les piliers qui scandent les façades. Ils sont reconstruits en brique puis recouverts de chaux grasse. À partir de là, les ouvriers marocains entament la réfection des décors[26]. Les travaux de restauration de l’Al Attarine se terminent en 1923.
Le Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques, dirigé par Maurice Tranchant de Lunel (1869-1932)[27],  a aussi promulgué un dahir de protection sur tous les remparts et les portes principales de l’ensemble des médinas. Les murailles des villes forment des enclos qui marquent la transition entre ce qui est la ville et ce qui ne l’est pas. L’enceinte urbaine  matérialise les limites du territoire de la cité[28]. Les remparts des villes impériales sont dans l’ensemble en assez bon état même les plus anciens comme ceux de Marrakech. Le dahir du 7 août 1914 les désigne, comme monument historique,  ce qui comprend la muraille de la médina et celle entourant l’ensemble des jardins impériaux et le palais du Sultan. Pour Fès, les lois du 25 et du 31 août 1914 intègrent les différentes enceintes des deux parties de la ville à l’inventaire général du patrimoine bâti. Le dahir du 10 octobre 1914 fait de même pour les remparts de la médina de Salé. Le 18 octobre 1914, la législation impose le classement de l’enceinte de Meknès, comprenant les quatre grandes portes d’entrée, Bab Mansour El Alj, Bab El Kechla, Bab El Khémis et Bab Er Rih, les murs, les fortifications, les bastions, les tours constituant les remparts de la ville, ainsi que les enceintes, les bâtiments et les jardins groupés sous le nom de Dar El Beïda. La protection législative des enceintes et des portes neutralise toutes tentatives de transformations architecturales sans autorisation au préalable du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques. Le nadir n’a plus son mot à dire concernant l’entretien des remparts et des portes d’entrées des villes qui commencent à être restaurées dès 1915. Les agents du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques travaillent simultanément dans les quatre villes impériales. La durée des travaux est étalée sur plus de cinq ans car d’autres chantiers sont ouverts en même temps. À Meknès, toutes les portes sont remises en état. Bab Khémis (1678-1679), située au sud-ouest de la médina, est assez abimée. Certains merlons la couronnant ont disparu,  la végétation a endommagé la brique et la décoration a aussi souffert du temps et de l’érosion. Deux plaques de zelliges situées au bas du second encadrement et les mosaïques du troisième encadrement de la porte sont fortement dégradées. La frise d’entrelacs d’épigraphie coufique et d’arabesques comporte des trous. Enfin, les deux bastions collatéraux sont quasiment en ruine. La restauration de la porte s’effectue en plusieurs étapes. Dans un premier temps, il s’agit de la consolider. Toute son ornementation est ensuite refaite selon les techniques anciennes. La décoration sculptée est exécutée sur une ossature formée de petites briques de trois centimètres de hauteur. Sur cette base, sont appliquées des bandes de terre cuite aux carreaux carrés ou rectangulaires en monochromes émaillés ou bien une mosaïque de zelliges[29]. Les bastions sont remontés en brique.
Durant tout la période du protectorat, d’autres édifices habous sont inventoriés comme monuments historiques. Le 31 décembre 1923, sont classés dans la médina de Meknès, les médersas Bou Inania et El Filala, le fondouk El Hama dit « Fondouk du henné » près du grand souk, cinq seqqaïas et six msids[30]. Les deux palais au Bou Jeloud,  Dar Adiyel et Dar Batha  sont aussi inventoriés. Le 8 juin 1924, c’est au tour de la mosquée dénommée « Jamâa el Azhar », à Fès Jdid. Le dahir du 28 juin 1924 classe aussi le minaret de la mosquée dite « Jamâa Mouline » à Rabat. À partir des années 1920, un nombre important de fondouks sont à leur tour désignés monuments historiques. C’est également le cas des fontaines puis des msids. Ces écoles ne sont pas des architectures somptueusement décorées comme les médersas ou les fondouks. Toutefois, elles sont protégées en tant que témoin d’un aspect de l’enseignement musulman. Avec l’instauration du vizirat des Habous, les nadirs doivent donc s’accorder avec la municipalité et le Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques pour pouvoir effectuer des travaux dans les édifices du culte, sur les remparts et leurs portes monumentales  mais aussi les latrines, égouts et fontaines publiques. Cet état est encore plus accentué lorsque les dahirs de protections artistiques concernant les médinas de Salé, Meknès, Fès et Marrakech sont promulgués entre 1922 et 1923[31]. Ces décrets chérifiens ont permis une conservation quasiment intégrale des villes anciennes afin de répondre à des objectifs politiques, esthétiques mais aussi touristiques.  Les médinas se sont peu à peu transformées en attraction pour les visiteurs étrangers. Certains monuments habous, comme les médersas, qui n’étaient visibles que pour quelques Européens privilégiés, sont ouvertes au grand public. En 1936, divers arrêtés viziriels fixent les horaires d’ouvertures des médersas Sahrij, Bou Inania, Al Attarine, Cherratine et Mesbahia de Fès[32]. La désacralisation de ces édifices habous continue dans les années 1950 lorsque ceux-ci sont fermés aux étudiants. Les médersas ne sont alors plus que l’image d’une période historique et d’un savoir artistique datant des Mérinides. 
         Les Habous, bien que critiqués au début du XXème siècle pour le manque de sérieux dans l’entretien des édifices publics, connaissent de très importants bouleversements après l’instauration du Protectorat. La plupart des biens publics et les Habous eux-mêmes passent alors sous la tutelle française. Même si certains monuments restent, après 1912, sous la surveillance des Habous, l’ingérence française est quand même omniprésente de façon directe ou indirecte par le biais des contrôles ou de la prise en charge de travaux. Cette présence française a même détourné certains édifices habous, comme les médersas, de leur affectation première. La modification administrative des Habous  les a donc réduits à ne pouvoir contrôler et gérer uniquement que les mosquées et les zaouïat. Cependant la réorganisation de la comptabilité leur a permis de subventionner les entretiens des édifices cultuels mais aussi l’enseignement religieux. Les Habous  n’ont pas été remis en cause dans le sens où ils ont continué d’être un organisme toujours actif durant toute la période coloniale.  
Après l’indépendance, la situation des Habous change. Ces derniers deviennent de plus en  plus importants au sein du gouvernement marocain en acquérant leur souveraineté. Le vizirat des Habous est ainsi devenu, en 1955, le Ministère des Habous, avant de prendre définitivement, en 1963, le nom de Ministère des Habous et des Affaires Islamiques[33]. Son objectif est la restructuration religieuse du pays en montrant que l’Islam malékite est une religion tolérante et respectueuse d’autrui.  Son champ d’action se borne à la gestion des biens cultuels, à l’enseignement religieux et à la propagation de la religion sur le plan politique, social et économique. Cette expansion des Habous n’est cependant pas aussi étendue que durant la période ante-coloniale. Certaines pratiques instituées sous le protectorat persistent encore. Les municipalités s’occupent toujours des drainages d’égouts, de l’approvisionnement en eau des villes et des réfections des fontaines tandis que le Ministère de la Culture a repris le flambeau du Service des monuments historiques. 


Cet article est la version écrite de:  -« Vers un bouleversement des traditions marocaines ? L’entretien et la conservation des édifices habous avant et durant le protectorat. », L'urbanisme et l'architecture en situation coloniale considérés au miroir du processus de développement du territoire – II - : le formes territoriales, urbaines et architecturales en Afrique du Nord aux XIX-XXIe siècles. Permanences ou ruptures ?- Maghreb,  Congrès mondial des études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord  du 19 au 24 juillet 2010 à Barcelone

Bibliographie indicative :

Benoist-Mechin, Jacques, 1978, Lyautey l’Africain ou le rêve immolé, Paris, France Loisirs édition.

Bernard, François, 1917, Le Maroc économique et agricole, Paris, Georges Masson éditeur.

Cambazard-Amahan, Catherine, 1989, Le décor sur bois dans l’architecture de Fès, époques almoravide, almohade et début mérinide, Paris, Éditions du CNRS.

Girard, Muriel, 2006 « Invention de la tradition et authenticité sous le Protectorat au Maroc : L’action du Service des Arts indigènes et de son directeur Prosper Ricard », Socio-anthropologie,  n°19.

Rabino, Henri-Louis, 1920, « La Réorganisation des biens habous », Revue du Monde musulman, p.88.

Rivet, Daniel, 1988, Lyautey et l’instauration du Protectorat français au Maroc (1912-1925), Paris, L’Harmattan, tome 1.

Théliol, Mylène, 2008, Le regard français sur le patrimoine marocain : conservation, restauration et mise en valeur de l’architecture et de l’urbanisme des quatre villes impériales durant le protectorat français (1912-1956), Bordeaux, Université Michel de Montaigne, thèse de doctorat.

Vacher, Hélène, 2001, Projection coloniale et ville rationalisée: le rôle de l'espace colonial dans la constitution de l'urbanisme en France, 1900-1931, Aalborg, Department of Languages and Intercultural Studies, Aalborg University.

 Wilbaux, Quentin, 2001, La médina de Marrakech, formation des espaces urbains d’une ancienne capitale du Maroc, Paris, L’Harmattan.



[1] Le Maghzen c’est le gouvernement : le roi et l’ensemble de ses vizirs (ministres) et les administrateurs qui entourent et conseillent le souverain.
[2] Le cadi est un juge qui  remplit des fonctions civiles, religieuses et judiciaires (juge de paix). Il s’occupe notamment des cas de mariage, de divorce, d’héritage. Il joue dans ce cas le rôle d’un notaire.
[3] Chaque zaouïa est dirigée par une confrérie religieuse qui  l’entretient.
[4]THÉLIOL, Mylène Le regard français sur le patrimoine marocain : restauration, conservation et mise en valeur de l’architecture et de l’urbanisme des quatre villes impériales durant le protectorat (1912-1956), Thèse de doctorat d’histoire de l’art, Université de Bordeaux III, 2008, p.85.  
[5] Cambazard-Amahan, Catherine, Le décor sur bois dans l’architecture de Fès, époques almoravide, almohade et début mérinide, Paris, Éditions du CNRS, 1989, p.202.
[6] Moqqadem : agent du Makhzen qui a  la charge de surveiller et de gérer un quartier de médina.
[7]  Archives de la Bibliothèque Nationale et Royale du Maroc (ABNRM) : Carton H 38, Direction des affaires chérifiennes, Contrôle des Habous à Rabat de 1913 à 1923, Lettre adressée par les gens de Rabat au Grand Vizir, 14 janvier 1914, concernant le mauvais état des mosquées de la médina.
[8] ABNRM : Carton H 85, Direction des affaires chérifiennes, Contrôle des Habous à Marrakech de 1918-1925, Pétition des notables de Marrakech contre le fait que les mosquées de la médina soient en mauvais état, septembre 1918.
[9] Lettre adressée par les gens de Rabat au Grand Vizir, 14 janvier 1914, concernant le mauvais état des mosquées de la médina, Doc. cit.
[10] Idem.
[11] Benoist-Mechin, Jacques, Lyautey l’Africain ou le rêve immolé, Paris, France Loisirs édition, 1978, p.412. Cet article du traité de Fès est le fer de lance de toute la politique de Lyautey, correspondant aussi à sa personnalité : un monarchiste respectueux des traditions et du pouvoir légitime.
[12] Joseph Luccioni est entré au sein du service du contrôle des biens habous en 1919. Il est docteur en droit à Rabat en 1927, maître de conférences au Centre d’études juridiques, puis directeur des affaires chérifiennes. De 1956 à 1967 il est conseiller technique des rois Mohammed V et Hassan II.
[13] Rabino, Henri-Louis, « La Réorganisation des biens habous », Revue du Monde musulman, juin 1920, p.88.
[14] Bernard, François, Le Maroc économique et agricole, Paris, Georges Masson éditeur, 1917, p.40
[15] Le locataire d’un bien immobilier paie la guelsa (droit de clé). Celui qui loue un terrain agricole ou urbain paie la gza (le baille).
[16] Bernard, François, op. cit, p.40.
[17] « Dahir du 11 février 1918 plaçant sous  le contrôle du Vizirat des Habous  tous  les édifices du culte musulman », Bulletin officiel du Maroc, n°281, 11 mars 1918, p. 243.
[18] Rabino, Henri-Louis, op.cit, p. 78.
[19] Bernard, François, op. cit, p.42
[20] Le dahir du 8 avril 1917 instaure la municipalité au Maroc. Cependant la municipalité de Rabat est instaurée dès 1913 lorsque la ville devient capitale du protectorat. Cette municipalité est dirigée par des militaires et des notables de la médina.
[21] Archives du Ministère des Affaires étrangères de Paris (AMAEP) : Correspondance politique et commerciale, Maroc 1917-1940, 712, Antiquité et Arts : Rapport de Joseph de la Nézière sur les mesures prises au Maroc pour la conservation des industries d’arts indigènes, 1917.
[22] Girard, Muriel,  « Invention de la tradition et authenticité sous le Protectorat au Maroc : L’action du Service des Arts indigènes et de son directeur Prosper Ricard », Socio-anthropologie,  n°19,  2006.
[23] Le dahir du 21 juillet 1918 intègre la koubba El Kaltine, située à l’entrée du Dar el Makhzen de Meknès, à l’inventaire général du patrimoine bâti. Il en est fait de même, le 19 novembre 1920, pour la mosquée de la Koutoubia à Marrakech
[24] Les médersas sont  rapidement classées, après enquête, prévue par arrêté viziriel le 4 août 1914. Le dahir du 20 février 1915, fait monuments historiques neuf medersas de Fès, dont sept sont encore en fonction. Parmi elles, six datent des règnes successifs des Sultans mérinides, Abou Said Otham (1310-1331), Abou al Hassan (1331-1351) et Abou Inan (1348-1358)[24]. Ces bâtiments accueillent les tolba (étudiants) venant étudier dans une mosquée dont la plus prestigieuse est la Jamâa Karaouiyne. Sous la dynastie des Mérinides, les médersas avaient une vocation pédagogique et étaient un outil de propagande. De ces maisons d’accueils des étudiants ruraux, sortaient les fonctionnaires, les magistrats et les porte-parole du gouvernement. Le souverain surveillait l’enseignement que l’on y donnait et cela a continué ainsi jusqu’à l’instauration du protectorat. Les tolba logent et séjournent dans les médersas durant la période de leurs études qui peuvent durer des années. La médersa Misbahia (1346) accueille les étudiants de la côte atlantique. Ceux de la médersa Cherratine (1321) viennent du Tafilet. À la médersa Seffarine (1321), les tolba sont originaires du Souss et du Zerkaïan. Ceux de la médersa Al Attarine (1323) proviennent de Larache, de Tetouan et du Ksar el Kébir. Enfin, les étudiants de la médersa Bou Inania (1349) sont originaires du Djeballa. Salé, Meknès et Marrakech possèdent aussi des médersas. La Bou Inania de Meknès (1349) et celle d’Abou al Hassan de Salé (1341) datent de l’époque mérinide. La médersa Ben Youssef de Marrakech (1564-1565) a été construite sous la dynastie des Saadiens (1554-1660). Enfin, la médersa Filala de Meknès (1689) a été érigée sous le règne de Moulay Ismaïl
[25] ABNRM, carton F 102, Restauration des monuments historiques de Fès 1916-1922 : Médersa Al Attarine, médersa Es Cherratine, mosquée des Andalous, Musée du Batha, Dar Adiyel, médersa Sahrij, médersa Bou Inania, Arrêté du chef du Service des beaux-arts, des monuments historiques et des antiquités, du 7 mars 1917, nomme M. Rougemont Marcel, architecte du Service des beaux-arts, comme régisseur-comptable des avances qui seront nécessaires pour l’exécution des travaux de restauration de la médersa Al Attarine à Fès.
[26] ABNRM, carton F 102 : Restauration des monuments historiques de Fès 1916-1922 : Médersa  Al Attarine, médersa Es Cherratine, mosquée des Andalous, Musée du Batha, Dar Adiyel, médersa Sahrij, médersa Bou Inania, devis estimatif et descriptif des travaux à exécuter à la médersa Al Attarine à Fès daté du 17 janvier 1917, devis estimatif et descriptif des travaux à exécuter à la médersa Al Attarine daté du 7 février 1918.
[27] Architecte et peintre aquarelliste, cet artiste voyageur connaît très bien le Maroc où il a séjourné dès 1902. Le 21 mai 1912, il rencontre le général Lyautey, tout juste investi de sa charge de Commissaire Résident général. C’est lors de cette entrevue qu’il lui ait soit disant confié la tâche de préserver les monuments marocains
[28] Wilbaux, Quentin, La médina de Marrakech, formation des espaces urbains d’une ancienne capitale du Maroc, l’Harmattan, Paris, 2001, p.322.
[29] Émeret, Les portes de Meknès, Paris, Imprimerie nationale, 1915, p.12 et 14.
[30] « Dahir du 31 décembre 1923 portant classement de divers monuments historiques situés dans la médina de Meknès. », Bulletin officiel du Maroc, n°586, 15 janvier 1924, p.47.
[31]« Dahir du 27 septembre 1922 portant classement d’une zone de protection du site de Salé à l’intérieur des remparts. », Bulletin officiel du Maroc, n°521, 17 octobre 1922, p.1514 ; « Arrêté viziriel du 23 septembre 1922 portant règlement pour la protection artistique de la médina de Meknès », Bulletin officiel du Maroc, n°519, 3 octobre 1922, p. 1463-1464 ;  « Arrêté viziriel du 23 avril 1923 portant règlement pour la protection artistique de la médina de Fès (Fès-Jdid et Fès Bali). », Bulletin officiel du Maroc, n°550, 8 mai 1923, p.579-580 ;  « Arrêté viziriel du 20 juillet 1922  portant règlement pour la protection artistique de la ville de la Marrakech. », Bulletin officiel du Maroc, n°509, 25 juillet 1922, p.1195.
[32] « Arrête viziriel du 28 mars 1936 étendant à certains monuments historiques l’application du dahir du 27 septembre 1935 », Bulletin Officiel du Maroc, n°1228, 8 mai 1936, p. 554.
[33] « D’une bnieqa au Ministère des Habous et des Affaires Islamiques », n°266, www.habous.gov.ma, 2008.