savoirs et des savoir-faire patrimoniaux et artistiques entre le Maroc et les pays méditerranéens


Dans ma thèse, intitulée Le regard français sur le patrimoine marocain : conservation, restauration et mise en valeur de l’architecture et de l’urbanisme des quatre villes impériales sous le protectorat (1912-1956), j’ai démontré comment la présence française avait instauré la notion de patrimonialisation au Maroc en créant des méthodes permettant la conservation de l’architecture et de l’urbanisme
arabo-musulmans des quatre villes impériales marocaines. Dans cette thèse, j’ai aussi abordé la notion d’échange de savoirs et de savoir-faire patrimoniaux entre la France et le Maroc mais aussi entre les autres colonies françaises de Méditerranée. En effet, les projets mis en place pour la préservation des médinas sont basés sur les lois patrimoniales françaises et tunisiennes créant les nouvelles législations patrimoniales marocaines. Ces dernières, sont, en retour, à l’initiative du renouvellement de la
législation française de 1919 et 1924 mais aussi de celles des colonies françaises en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Le Maroc tisse aussi des liens avec le Portugal et l’Espagne lorsqu’il s’agit de restaurer des édifices arabo-musulmans et portugais. Ces rapprochements permettent l’instauration de techniques de restauration communes entre les trois pays ainsi qu’un essor des recherches historiques et artistiques concernant les édifices de ces périodes.
Avec la patrimonialisation du Maroc, se met aussi en place la relève de l’artisanat d’art qui est utilisé pour la restauration des arts décoratifs des monuments historiques marocains mais, il est aussi une des composantes de l’économie marocaine. Des techniques et méthodes, à la fois modernes et ancestrales, permettent donc la relance de l’artisanat d’art marocain. Ces dernières vont être adaptées en Algérie, en Tunisie et dans les mandats français du Proche-Orient dès les années 1930.
Mon objectif de recherche s’attache donc à démontrer que la patrimonialisation du Maroc, engendrée par le Protectorat français, a permis la sauvegarde d’édifices arabo-musulmans, antiques et portugais ainsi que l’échange d’informations sur les méthodes de conservation et de restauration de l’architecture et de l’artisanat d’art avec le Portugal et l’Espagne, l’Algérie, la Tunisie, la Syrie et le Liban. Ces relations ont favorisé un renouvèlement des études et des moyens de sauvegarde du patrimoine aussi bien au Maroc que dans les autres pays méditerranéens.

Enfin le travail des peintres français au Maroc s’intègre, quant à lui, dans un mouvement pictural dont le but est associé à celui des lobbies coloniaux. Ils sont à l'origine de la création de mouvements artistiques marocains tendant vers le renouvellement et la modernité des motifs picturaux.







mercredi 25 février 2015

Biographie de Maurice Tranchant de Lunel

EDMOND VICTOR MAURICE TRANCHANT DE LUNEL 

(La Ferté Saint Jouarre, 25 novembre 1869-La Seyne sur Mer, 29 novembre 1932)


Né en 1869, à la Ferté Saint Jouarre, Maurice Victor Tranchant est le fils d’un marchand de meule de moulins. Adolescent, il rentre au collège de Eaton, puis à Oxford. En février 1888, il est admis à l’École des beaux-arts à Paris, en section d’architecture. Il devient l’élève d’Eugène Georges Debrie. En 1896, il rentre à l’Académie Jullian pour suivre des cours d’aquarelle.

Ses premières œuvres picturales datent de son voyage qu’il a effectué en Mésopotamie, au printemps 1898. Il visite les villes bordant le Tigre et l’Euphrate notamment Bagdad. De cette cité, il a retenu les petits bateaux ronds au bord du fleuve. Les scènes fluviales semblent l’attirer car il reprend le thème des bateliers dans son aquarelle de Bassorah. Ces deux œuvres donnent les caractéristiques essentielles de sa manière de peindre.  Il n’utilise qu’une palette de couleur réduite traitée en camaïeu. Les personnages sont à peine ébauchés mais reconnaissables par leurs costumes. Ses compositions comportent toujours une architecture. À peine revenu du Moyen Orient, Maurice Tranchant de Lunel s’embarque pour l’Afrique Occidentale Française, à l’automne 1898. Durant un an, il voyage au Sénégal et en Guinée. Les œuvres, qu’il rapporte de cette expédition, servent pour la décoration du pavillon du Sénégal-Soudan à la section coloniale qui est installée au Trocadéro à Paris de 1900, section qui complète l’Exposition Universelle.

Les premières aquarelles de l’artiste sont signées « Maurice Tranchant », celles datées des  années 1900 mentionnent « Tranchant de Lunel ». L’artiste a changé son patronyme en lui rajoutant la particule « de Lunel », qui est le nom de sa femme, afin de se différencier d’un autre artiste nommé Maurice Tranchant.

Entre 1900 et 1909, il réside à Paris au Manoir de Richelieu à Rueil. Passionné de bateau (yacht notamment), il devient membre du Club nautique de Nice de 1902 à 1906[1].  C’est donc  à bord de son yacht personnel, Le Saint-Alban qu’il fait le tour de la Méditerranée. En 1902, il est à Fès, au Maroc. En 1908, il séjourne encore une fois dans l’empire Chérifien: il se rend à Tanger, à Fès et dans la Chaouïa. Cette même année, il est invité par le Sultan Abd el Aziz à rester auprès de lui à Rabat. Il participe aussi au premier salon de Tanger.

Par une lettre du 26 octobre 1909, il demande une mission gratuite au ministère de l’Instruction publique et des beaux-arts afin de faire des recherches sur l’histoire de l’art aux Indes anglaises, en Birmanie, au Siam, en Indochine et en Chine. En novembre 1909, le ministère lui accorde cette mission. De cette longue escapade en terre asiatique, l’artiste rapporte des aquarelles. Comme au Moyen Orient, l’eau est son fil d’Ariane. Dans la Baie d’Along, il représente pour la première fois, un site vierge de marque humaine. Seule la beauté de la nature, déclinée en bleu, est présente.  Les aquarelles qu’il rapporte de ces contrées ainsi que celles du Moyen-Orient sont exposées à la Galerie Georges Petit à Paris entre avril et septembre 1912[2] ainsi que ces premières toiles du Maroc[3].

En 1910, Tranchant de Lunel décide de s’installer à Nice, à la Cisterna, 36 Boulevard Mont Boron qui devient sa résidence principale jusqu’en 1914.

En janvier 1911, il est de nouveau au Maroc, à Fès, bien que son cruiser (petit yacht), Le-Kitsoumé, soit inscrit au meeting de Monaco, en avril 1911[4]. En effet après la signature du protectorat, le 31 mars 1912, il voit la capitale chérifienne en révolte : les mellahs de Fès sont détruits par des hordes d’insurgés, car les Juifs accueillaient, depuis la fin du XIXème siècle, les Français. Afin de s’occuper des Israélites, une Commission officielle est organisée sur ordre du Sultan. Maurice Tranchant de Lunel y participe au côté Si Mohamed Tasi (ministre des travaux publics), M. Elmaleh (directeur de l’Alliance israélite universelle de Fès), M. Mercier (Consul de France), le docteur Weisgerber et d’autres médecins[5]. Durant cette période, Maurice Tranchant de Lunel rencontre, le 21 mai 1912, le Général Lyautey, tout juste investi de sa charge de Commissaire Résident général du Maroc. Lors de cette entrevue à Fès, le général nomme l’artiste comme directeur du nouveau Service des beaux-arts, antiquités et monuments historiques, dont le siège se situe rue Sidi Fatah au cœur de la médina de Rabat. Il laisse ce poste vacant de 1916 à 1917 afin de pouvoir visiter l’Alhambra et rencontrer le conservateur du site afin de prendre connaissance des nouvelles techniques de restaurations susceptibles d’être appliquées au Maroc. Son adjoint, Joseph de la Nézière le remplace donc durant son absence.

De 1914 à 1920, en tant que directeur du Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques, Maurice Tranchant de Lunel fait restaurer les médersas de Fès, les enceintes et les portes monumentales des médinas marocaines. Il s’occupe plus particulièrement de la réfection du jardin des Oudaïas en lui redonnant une seconde vie sous l’aspect d’un jardin andalou. Nommé par Lyautey, dès 1913, comme architecte de la résidence générale à Rabat, ses plans sont vites abandonnés au profit de ceux d’Albert Laprade. D’ailleurs, les deux hommes ne s’apprécient guère. Il faut croire que le caractère de l’artiste ne plait pas à tous : les rapports sont tendus avec Joseph de la Nézière, Henri Prost et Albert Laprade. Seul Lyautey apprécie Maurice Tranchant, car leurs relations sont plus intimes.

Entre 1917 et 1922, l’artiste participe aux expositions de peintures marocaines organisées à Casablanca et à Paris. C’est durant ses surveillances des médinas marocaines qu’il effectue des aquarelles de belles factures. De Casablanca, il représente un coin de la médina, dont le caractère blanc est visible dans le traitement chromatique, à l’arrière plan, des maisons marocaines qui contrastent avec les tonalités des ombres bleuâtres de la  porte monumentale, au premier et second plan. Les costumes des passants rappellent cette dualité de couleur. L’aquarelle est répartie en larges touches laissant parfois la peinture former elle-même les contours des sujets. C’est aussi dans des tonalités sombres qu’est représenté l’intérieur d’un hammam à Salé. Comme dans l’aquarelle de Casablanca, les architectures sont mieux détaillées que les personnages : les baigneurs sont reconnaissables par leurs burnous de couleurs vives. Cette volonté de traiter l’architecture plus en détails provient certainement des clichés photographiques qu’il prend pour modèle afin de peindre. Cette analogie est notamment visible dans deux aquarelles : le patio de la medersa Es Sahrij et la place Nejjarine à Fès. Dans ces deux œuvres, de nombreux personnages ont été rajoutés pour meubler les espaces vides et donner de la vie. Ce dynamisme est encore plus accentué dans l’aquarelle de la cour de la médersa qui est présentée un peu d’oblique afin de rendre une meilleure profondeur à l’image.

Entre le 25 décembre1918 et le 1 avril 1919, Maurice Tranchant de Lunel part, avec le docteur Hérisson et la Harka du Pacha el Hadj Thami, pour se rendre dans la région du commandement Glaoua, au Sud de l’Atlas[6]. De cette expédition, il rapporte de nombreux dessins et aquarelles qu’il fait paraitre dans un article de la revue France-Maroc, le 15 septembre 1919. Comme tant d’autres peintres du Maroc, il collabore en tant qu’illustrateur et rédacteur d’articles pour la revue France-Maroc dont le premier numéro paraît en 1916.

En 1921, le général Gouraud réclame sa présence auprès de lui en Syrie afin de mettre sur pied une foire d’échantillons à Beyrouth. Durant son séjour au Proche Orient, l’aquarelliste en profite pour croquer quelques paysages et villes aux couleurs et à la lumière denses. De retour au Maroc en juin 1921, il permet aux architectes de la future Mosquée de Paris de visiter Fès afin de se familiariser avec l’architecture la mosquée Fès Jdid. En novembre 1921, les souverains Belges visitent le Maroc. Tranchant de Lunel leur fait visiter le palais Bou Jeloud[7].

Pourtant, dès 1920, l’artiste est inquiété par la justice : on lui reproche d’incitation à la débauche sur des mineurs et d’importer de l’opium au Maroc. Ces problèmes judiciaires obligent la Résidence à limoger Tranchant de Lunel le 1 avril 1923, tandis que paraît son livre, Maroc, au pays du paradoxe, dont le but est de justifier l’action de l’artiste au sein du Service des beaux-arts du Maroc.
De retour en France, il installe son atelier de peinture sur une péniche, Ma Galère, en bord de Seine, tout en habitant à Notre Dame des pins à Tamaris, juste à côté de la Seyne sur Mer, dans une villa (résidence familiale). Mais, en 1925, les tracas judiciaires le rattrapent : il est poursuivi en correctionnelle pour tenue de fumerie d’opium dans sa villa et de détention illégale de stupéfiants[8]. Malgré ces soucis, Maurice Tranchant de Lunel continue à vivre normalement, il donne même, assez souvent, de belles réceptions à bord de sa péniche parisienne où tout le beau monde est invité comme en juillet 1930[9]. Le peintre participe aussi à de nombreuses manifestations comme à l’exposition des Arts décoratifs de 1925 où il y réalise, en tant qu’architecte, le pavillon du Maroc au côté de Fournez[10]. Ne supportant plus le climat humide de la capitale, il quitte définitivement Paris pour Tamaris. Jean Cocteau lui rend visite en 1932 ainsi que le Maréchal Lyautey,  entre le 4 et le 21 avril 1932. Il y décède le 29 novembre en succombant à une maladie pulmonaire[11].



[8] « Découverte d’une fumerie d’opium : l’affaire Tranchant de Lunel », Les Annales coloniales, 3 mars 1925, p.1
La police a perquisitionné la villa de Tranchant de Lunel, à Tamaris, et elle a découvert un important stock de matériel pouvant servir à plusieurs opiomanes : sept pipes, des pots de drogue, des lampes, des aiguilles et trois kilos d’opium.
[9] Valfleury, « Dans le monde », Le Figaro, 8 juillet 1930, p. 2.
[10] « L’Exposition des Arts décoratifs », Art et décoration, mai 1925, p.4. 
[11] Valfleury, « Deuils », Le Figaro, 3 décembre 1932, p.2




[2] F.M,  « Exposition Tranchant de Lunel », L’Art et les Artistes, avril 1912, p. 235
[3] Le Masque de Fer, « Paysages du Maroc », Le Figaro, 12 juin 1912, p.1
[4] « Le huitième meeting de Monaco », Navigazette, 9 mars 1911, p. 7-8
[5] Alliance israélite universelle, Les évènements de Fès, Paris, 1912, p.5
[6] www.ouarzazate-1928-1956.com/les-glaoua/janvier-1919-la-premiere-colonne-francaise.html
[7] « Les souverains Belges au  Maroc », France-Maroc,  novembre 1921, p. 222.




[1]www.flagspot.net/flags

mardi 21 mai 2013

L’ESSOR DES SOCIÉTÉS ARTISTIQUES AU MAROC DURANT LE PROTECTORAT FRANÇAIS (1922-1956)


Les sociétés artistiques se développent en France à la fin du XIXème siècle. Ainsi est fondé en 1881 la Société des artistes français et en 1889, la Société nationale des beaux-arts. Ces deux organismes regroupent tous les styles que se soit en peinture comme en sculpture. Une nouvelle  association d’artistes voit le jour en 1893. Elle a pour but d’unir tous les artistes représentant l’Orient. C’est la Société des peintres orientalistes. Dans le sillon de cette fondation, d’autres sociétés artistiques sont créées dans les colonies françaises d’Afrique du Nord. En Tunisie, l’Institut de Carthage, né en 1890, devient la principale organisation culturelle au service de la communauté française, en inaugurant, en 1894, un Salon tunisien, réplique des salons parisiens[1]. En Algérie, dès 1897, la Société des peintres orientalistes algériens est instaurée. Ce mouvement de prolifération des sociétés artistiques s’accentue en Algérie et touche aussi le pays voisin, le Maroc.  À Tanger, ville où l’influence européenne est la plus forte, est inauguré, en 1909[2], un Salon où chaque orientaliste peut présenter ses œuvres[3]. Avec l’instauration du protectorat français au Maroc (Tanger ne faisant pas partie du territoire du protectorat), les artistes sont de plus en plus  nombreux à venir y résider. Ils sont pour la plupart incorporés au sein de l’administration coloniale et peignent les beautés du pays. Ils présentent leurs peintures et leurs sculptures lors des expositions orientalistes ou coloniales[4] et quelques fois au Maroc lors des foires[5] ou expositions privées comme à Casablanca en 1918 à l’Hôtel Excelsior. Cependant aucune société artistique n’est créée durant les premières années du protectorat. En effet, il faut attendre 1922 pour que, grâce à l’initiative du général Lyautey, une association voit le jour. Elle prend le nom d’Association des peintres et des sculpteurs du Maroc. Dans la lignée de cette association, d’autres  voient le jour à partir des années 1925. Quelles sont donc ces différentes sociétés artistiques et comment évoluent-elles jusqu’à la fin du protectorat ? L’Association des peintres et sculpteurs du Maroc étant la plus documentée fait l’objet d’une étude plus approfondie. Cela permet aussi de montrer comment certains aspects de son existence permettent le développement d’autres sociétés artistiques durant les années 1926 à 1956.

 

I)                  L’Association des peintres et sculpteurs du Maroc : une longévité  à toutes épreuves.

C’est en 1922, que les peintres français du Maroc prennent vraiment de l’importance avec l’exposition qui a lieu à la Galerie Georges Petit à Paris entre le 25 octobre et le 11 novembre[6]. Elle est effectuée sous le patronage du général Lyautey, le Commissaire résident général de la République Française au Maroc. On y compte trente-huit artistes participants. La plupart réside au Maroc comme Mattéo Brondy, Maurice Romberg, Jean de Gaigneron ou encore Jacques Majorelle. Certains d’entre eux  travaillent même au sein de l’administration coloniale marocaine comme Joseph de la Nézière, Maurice Tranchant de Lunel, Gabriel Rousseau et Albert Laprade[7]. D’autres sont de passage au Maroc comme Joseph Communal et Jules Emile Galand. Cette exposition est une réussite. La revue l’Art et les Artiste consacre trente-sept pages à cette manifestation dans son numéro de novembre 1922[8].  À partir de cette manifestation, se fait donc jour  l’idée de créer une société artistique qui regrouperait et promouvrait tous les artistes résidant au Maroc. Cette initiative a  le soutien de Lyautey. L’Association des peintres et des sculpteurs du Maroc est donc créée en 1923 plus connue sous le nom de la « Kasbah »[9]. Elle a comme président d’honneur, Léonce Bénédite, le président de la Société des peintres orientalistes et Armand Dayet, inspecteur général des Beaux-arts en France et directeur de la revue l’Art et les Artistes. Son siège central se situe à Rabat, à la Mamounia, dans les locaux de la direction générale de l’Instruction publique.  Cette association a une assez longue durée de vie. Sa première exposition débute entre le 15 décembre 1923 et le 8 janvier 1924 à la Mamounia de Rabat. Il s’en suit d’une seconde en mars 1924 à  Casablanca[10]. Entre 1923 et 1933, les expositions se font chaque année, en hiver, au sein de la Mamounia à Rabat ou à la galerie Derche à Casablanca. Il y a peu de documentation  concernant les années 1933 à 1946 mais l’Association continue toujours d’exister avec des réunions toutes les années mais les expositions en groupes sont sporadiques. À la fin des années trente, cette société change de nom et devient l’Association des peintres et sculpteurs français professionnels du Maroc. Elle prévoit pour s’agrandir encore de mettre en place des délégués dans chaque grande ville marocaine telle que Fès, Casablanca, Marrakech, Meknès et Rabat[11]. Cette société artiste reprend plus d’activité à partir de 1946. « Après plusieurs années de sommeil, qui furent pour beaucoup d’entre nous des années d’angoisse sinon de deuil, l’Association des Peintres et Sculpteurs Français Professionnels du Maroc, fondé en 1923, regroupant ses anciens membres et s’adjoignant de jeunes talents, organise une exposition de leurs œuvres, du 27 octobre au 11 novembre 1946, dans la salle des fêtes de la Chambre de commerce et d’Industrie de Rabat.[12]. » De 1946 à 1948, l’Association renoue avec les salons annuels. La trace de l’existence de cet  organisme s’efface à partir de 1948. Le premier président de l’Association est Gabriel Rousseau (inspecteur de l’Enseignement professionnel et du dessin) de 1923 à 1933. De 1933 à 1946, cette société artistique n’est guère active. Durant ce temps, elle change de président en 1938.  Edouard Brindeau de Jarny, conservateur du musée des Beaux-arts de Casablanca (dès 1929) remplit ce rôle jusqu’en 1946. À cette date, Jean Baldoui, inspecteur des arts indigènes, devient le  président de la nouvelle  Association des peintres et sculpteurs français professionnels du Maroc jusqu’en 1948.
Entre 1923 et 1924, vingt-cinq membres forment l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc : Jean Baldoui (inspecteur des arts indigènes à Fès), Edouard Brindeau de Jarny , Paul Lafond, Gabriel Rousseau (inspecteur des arts indigènes à Rabat), Jean Hainaut (professeur de dessin au Collège musulman à Rabat), Albert Laprade ( architecte au plan de ville au Maroc),  Blanche Laurent-Bernudeau (sculpteur au Maroc), André Lenoir (sculpteur à Meknès), Edmond Pauty (chef du service des monuments historiques entre 1923 et 1925), Raphaël Pinatel (conservateur de la médersa de la Kasbah des Oudaïas), Carlos Abascal (peintre espagnol),  Marcel Vicaire (inspecteur des arts indigènes à Rabat), Condo de Satriano (professeur de dessin au Lycée Gouraud à Rabat), Suzanne Crépin (elle séjourne à Oudja),  Jean Denis (administrateur de la maison des arts de Fès), Henri Derche (il réside à Casablanca), Marguerite Prévost (professeur de dessin au Lycée de jeune fille à Rabat), Aline de Lens-Reveillaud (elle réside à Fès) [13], Marcel  Lalaurie, Azouaou Mammeri, l’aquarelliste Eugène Delaporte, Jacques Majorelle, Marcelle Ackein, Suzanne Drouet-Cordier[14] et Mattéo Brondy[15]. D’autres artistes viennent agrandir les rangs de l’Association comme le caricaturiste Paul Néri en 1925[16].  Lors de l’exposition de novembre 1929, à la Galerie Simonson, dans la capitale française, plus de vingt-cinq artistes français du Maroc sont là. En plus des premiers adhérents, on compte des nouveaux visages comme Elisabeth Dandelot, Yves Brauyer, Paul Marceau-Vauthier, Edouard Marcel Sandoz, Camille Paul Josso et André Suréda[17]. Après 1929, de jeunes peintres et sculpteurs viennent de plus en plus nombreux au Maroc. Quelques uns adhèrent alors à l’Association. En 1941, cette société artistique compte de nouveaux membres comme Henry Pontoy[18], Marguerite Delorme[19], Louis Rioux, Edy Legrand, Lina Pavil (professeur de dessin dans des lycées marocains), Sloan Franck, Robert Camille Quesnel[20], Raymond Crétot-Duval[21], Louis Morère[22]…Mais aucun artiste marocain n’expose leurs œuvres lors de ces expositions bien que certains se soient mis à la peinture de chevalet.  Ce constat est présenté au cours d’une petite exposition faite à la Mamounia à Rabat en 1933 « […] on enregistre quelques réussites notables, assez pour nous avoir permis de constituer à Rabat l'embryon d'une collection d' « Art marocain moderne » qui a fait une profonde impression dans tous les milieux et dans toutes les classes. Ce n'étaient plus là les délassements cursifs d'écoliers buissonniers, mais, déjà, l'épanouissement naturel de jeunes gens n'ayant suivi aucune école, reçu aucun conseil et n'ayant obéi qu'à leurs tendances profondes. Encouragés par nous à s'exprimer toujours plus librement, ils ont réalisé des œuvres ingénues qui, par leurs qualités plastiques, leur justesse d'observation, l'harmonie de leurs couleurs, leur vaudraient déjà la vedette, si nous ne jugions prudent de les mettre à l'abri d'une popularité prématurée et redoutable.[23] »
 
La période la plus active de l’Association reste les vingt premières années de sa création. Durant ce laps de temps, le nombre de peintres se multiplient lors des expositions. Les œuvres reflètent les beautés du Maroc comme l’exige l’Association. La peinture est donc proche de l’image ethnographique sans pourtant être trop pittoresque. Ainsi sont représentés des scènes de rue, des scènes de marché, des scènes artisanales, des monuments et  des vues des médinas. Quelques portraits sont aussi  exposés bien que la difficulté de trouver des modèles explique le nombre restreint de ces derniers. Cela n’est pas tout à fait vrai pour Fès où Aline de Lens-Reveillaud, peintre orientaliste, administre une agence qui permet aux artistes de se procurer des modèles dans les meilleures conditions[24].
Si les thèmes sont limités, les styles divergent. Le peintre Bernard Boutet de Monvel a ouvert la voie de la synthétisation des formes avec ces œuvres datant de 1917-1919. Il géométrise son dessin et utilise des couleurs froides et ternes pour former son œuvre. Cette méthode picturale influence d’autres peintres comme Jacques Majorelle dans ces toiles sur l’Atlas. Marcelle Ackein combine la stylisation des formes et l’emploi de tonalités chatoyantes dans ces tableaux.  Cependant la plupart des œuvres sont quand même d’une facture plus classique voire proche de la photographie[25].   

Hormis l’essor des expositions collectives au Maroc, à Paris,  lors des expositions coloniales ou bien encore à Lisbonne en novembre 1925[26], se développent des expositions particulières de peintres et sculpteurs du Maroc soit à Rabat ou à  Casablanca. Ainsi, à la Mamounia[27] de Rabat, Marcel Vicaire et Suzanne Drouet-Reveillaud présentent leurs toiles en février 1929[28]. Un an après, le sculpteur François de Hérain y expose ses œuvres[29] tout comme Marguerite Delorme. En juin 1935, Jean Hainaut y montre ses tableaux de l’Atlas[30]. Quant à Marcel Vicaire et Suzanne Drouet-Reveillaud, ils présentent respectivement leurs toiles en janvier 1932 à Casablanca, à la galerie Derche [31]. Ces diverses expositions participent non seulement à promouvoir les peintres et aussi leurs œuvres afin qu’elles puissent être achetées. En effet, un des objectifs de l’Association est justement d’aider les artistes professionnels à vivre de leur art. Certains d’entre eux sont même employés par les Offices du Tourisme du Maroc pour réaliser des affiches publicitaires comme Mattéo Brondy pour Meknès, Gabriel Rousseau pour Marrakech ou encore Maurice Romberg pour Rabat.
Bien que l’Association tend à périclité à partir de 1933, le nombre d’expositions individuelles d’artistes et notamment de peintres ne fait que croître à Rabat, à Casablanca et à Marrakech entre 1933 et 1938.  Dès 1929, l’hôtel de la Mamounia de Marrakech ouvre ses portes aux artistes et à leurs œuvres. Entre janvier et février 1934, Azouaou Mammeri et Gerda Wegener-Porta (peintre nordique) y présentent respectivement leurs toiles[32]. En décembre 1934, ce sont Jean Baldoui, Marcel Vicaire et Suzanne Drouet-Reveillaud  qui exposent leurs tableaux à la galerie Derche à Casablanca[33]. La capitale du Maroc[34] reste quand même la ville où les expositions de peintures sont les plus nombreuses notamment avec la création, en 1935, de la galerie « l’Echo du Maroc » dans les locaux du journal éponyme. Le premier à y présenter ses toiles est Henry Pontoy  en novembre 1935[35].
L’Association a aussi pour but l’ouverture d’un musée des Beaux-arts à Rabat rassemblant des œuvres françaises contemporaines représentant les beautés du Maroc. Ce musée voit le jour en 1929. Il est instauré au sein de la Kasbah des Oudaïas, dans la médersa, faisant pendant au musée des arts indigènes ouvert depuis 1915. Ce musée est baptisé Musée Delacroix en l’honneur du grand peintre orientaliste du XIXème siècle. Il accueille notamment les œuvres des artistes du Maroc (résidents ou pas dans le pays). La même année, est inauguré, au palais de la Mamounia de Rabat, un musée des Arts français[36].  Il accueille des œuvres d’artistes métropolitains et du Maroc comme une toile du peintre René-Xavier Prinet[37] en 1933[38] ou celle de Jean-Paul Laurens, La Tour Hassan[39] Deux ans après la fondation du musée des Arts français, s’ouvre, rue de l’Avenir, à Casablanca, un musée des Beaux-arts  mettant en valeur les peintures françaises du XIXème siècle mais aussi celles des Français de métropole et du Maroc comme Azouaou Mammeri. Le directeur  de ce musée est Edouard Brindeau de Jarny.
L’Association des peintres et sculpteurs du Maroc est en lien permanent avec les grandes sociétés artistiques parisiennes comme la Société des Artistes français et la Société des peintres orientalistes. Cette dernière a favorisé l’essor de la peinture marocaine notamment en ouvrant les portes de son Salon à des artistes résidents au Maroc et en collaborant à l’organisation de la première exposition parisienne des arts marocains de 1917 au pavillon de Marsan au Louvre[40]. Liée par la bourse du Maroc, créée en 1919 et remise pour la première fois en 1920[41], la Société coloniale des artistes français accueille en 1921 les artistes du Maroc lors de son Salon. Certains artistes y adhèrent comme Aline Reveillaud de Lens qui devient un des huit correspondants de la société au Maroc.[42]
La participation des artistes de l’Association aux deux grandes expositions artistiques africaines permet leur renommée en métropole et en Afrique. La première grande manifestation est l’Exposition artistique de l’Afrique française. Elle est créée en 1928. Chaque année, elle se tient dans une des trois capitales du Maghreb[43]. Elle regroupe tous les artistes peignant en Afrique du Nord et en Afrique occidentale française.  En 1929, cette grande exposition a lieu à Rabat[44]. Les artistes de l’Association sont nombreux à y participer ainsi que quelques peintres indépendants. Ils sont réunis dans la section marocaine de l’exposition. La mise en place de cette dernière est souvent donnée au bon soin d’un des membres de l’Association des peintres et des sculpteurs du Maroc notamment à Edouard Brindeau de Jarny à partir de 1931. Ce rôle lui est dévolu jusqu’en 1946. À partir de cette date, c’est Jean Baldoui qui la dirige. Lui succède entre 1948 et 1953, Marcel Vicaire[45]. Ce poste d’organisateur de la section marocaine est encore donné à Edouard Brindeau de Jarny pour l’Exposition triennale nord-africaine de 1928 à 1936. Cette manifestation se déroule tous les ans dans une ville du Maghreb. En 1928, elle a lieu à Tunis[46]. En 1929, c’est la ville de Casablanca qui l’accueille. En 1930, elle se situe à Alger en même temps que les festivités données pour le centenaire de la colonisation de l’Algérie[47]. En 1933, elle se tient à Fès[48]. En 1936, elle a lieu de nouveau à Tunis. Souvent les deux grandes expositions sont organisées au même endroit et la même année ce qui explique aussi qu’on a tendance à les confondre. Cette participation de l’Association au sein des ces deux manifestations montre combien sa notoriété est grande au Maroc et que son influence sur le développement culturelle du pays est déterminante. D’ailleurs, dans l’ombre de l’Association d’autres regroupements d’artistes se font jour après 1925.



II) La création d’autres sociétés artistiques au Maroc durant les trente dernières années du protectorat (1926-1956).

Alors que l’Association des peintres et des sculpteurs du Maroc prend son essor dans les années 1920, d’autres sociétés artistiques apparaissent petit à petit. Ces créations sont des rassemblements de particuliers exerçant la peinture comme loisir.  Ainsi en décembre 1926, est fondée la Société des peintres géographes du Maroc qui regroupent trois artistes de l’Association : Jean Baldoui, Edouard Brindeau de Jarny et Jean Hainaut. Cette société est soutenue par la Société de géographie du Maroc. Les toiles doivent représenter des sujets botaniques, ethnologiques et géomorphologiques. Les œuvres s’apparentent alors à la photographie. Cette société s’accroît considérablement car elle favorise les peintres amateurs. Ce dilettantisme est même encouragé par Georges Hardy. « Il serait injuste de passer sous silence les peintres amateurs, les « peintres du dimanche ». Eux-aussi sont très nombreux au Maroc, et beaucoup d’entre eux font même preuve de talent. Ceux de Rabat, sous le patronage de la société « La Montagne » organisent un Salon annuel, qui, ma foi, en vaut d’autres.[49] ».
 
En 1928, un Salon militaire est créé. Il regroupe uniquement les militaires de carrière, soldats et officiers des troupes marocaines, ayant un talent artistique affirmé et qui peignent des vues du Maroc. Le premier salon a lieu dans la salle des services municipaux de Rabat. Il est inauguré par le général de division Vidalon. Les participants utilisent divers techniques picturales pour rendre compte des beautés du pays. Certains sont des aquarellistes, d’autres utilisent la gravure. Certains sont même des caricaturistes. La première exposition a été perçue comme étant un florilège de peintres amateurs. « Cette exposition constitue un ensemble d’œuvres qui, presque toutes, mériteraient d’être signalées.[50] » Le Capitaine Bruneau et notamment sa femme, Odette Bruneau[51], professeur de dessin au Lycée de Casablanca sortent du lot.  Dans ce rassemblement de militaires beaucoup d’entre eux sont sociétaires des Artistes français ce qui expliquent la virtuosité de leurs œuvres. On compte parmi ces peintres-soldats, Théophile-Jean  Delaye[52], le commandant Izard et le lieutenant Marcilly[53]. Le Salon militaire organisé en 1929 à Marrakech et en 1930 à Casablanca se taille une forte popularité au Maroc. Cette dernière est d’ailleurs accentuée grâce à la presse dont les louanges ne fléchissent pas même au bout de la troisième exposition[54].

Le Maroc attire les artistes. Tout est mis en place pour les accueillir favorablement. En effet, dès 1923, le Service des antiquités, beaux-arts et monuments historiques fait installer des ateliers pour les recevoir. Ces locaux sont dispersés dans les plus grandes villes comme Rabat, Casablanca, Safi, Fès, Meknès et Marrakech. Chaque peintre ou sculpteur peut venir y travailler durant quatre mois. Au-delà de ce délai, il est possible de demander un transfert dans un autre atelier[55]. Ce flux d’artistes participe à l’éclosion de galeries d’exposition comme à Fès[56] et à Meknès[57] et à l’émergence de sociétés artistiques plus professionnelles. Deux d’entre-elles sont fondées la même année, l’une à Casablanca et l’autre à Oujda. La première est le Salon des indépendants en 1933[58]. « Les portes de ce salon sont ouvertes à tous les amateurs et professionnels sans distinction de tendances ni d’école, son but principal étant de centraliser toutes les œuvres dont les auteurs ne pourront qu’y gagner par la comparaison et la critique à laquelle ils s’exposent et qui les forcera indubitablement à améliorer chaque fois leur production et à la perfectionner. Œuvre d’entr’aide mutuelle aussi disons-nous, car les artistes pourront aussi vendre plus facilement au public le produit de leur art selon le mérite.[59] » La société artistique accueille des peintres de tout horizon et ne leur impose pas de présenter des œuvres illustrant le Maroc. Les artistes sont libres d’exposer les sujets qu’ils souhaitent. Cette liberté d’expression favorise l’adhésion de nombreux artistes jusqu’alors peu connus au Maroc. Dès la première exposition, vingt-quatre exposants sont présents et on comptabilise cent-vingt tableaux. Tous les styles sont exploités, de l’impressionnisme au réalisme en passant par le cubisme et le futurisme. Un des avant-gardistes parisiens est même là lors de cette inauguration, il s’agit de Maurice de Wlaminck, un cubiste reconnu. D’autres artistes moins célèbres sont présents lors de cette manifestation comme Madame A. Trouillot dont les recherches picturales sont axées sur le portrait des autochtones juifs et marocains. Les aquarellistes sont aussi nombreux tels que René Bersnier, Cultrera Albert ou encore Albert Abt. Il faut aussi noter la participation d’une sculptrice, Marie Blanche[60]. Cette nouvelle société favorise l’essor des nouveaux artistes et parfois certains d’entre eux réussissent à organiser des expositions individuelles. C’est le cas du paysagiste Albert Abt. Cet aquarelliste présente des œuvres du Maroc,  du Jura et du Doubs à la galerie O’Hana à Casablanca entre le 19 décembre 1934 et le 3 janvier 1935[61]. Robert Ferry, le journaliste artistique de L’Afrique du Nord illustrée loue son talent et sa manière de peindre. « On reste surpris, confondu devant ses aquarelles largement larvées et spontanées, diaphanes, où tout est signé, tout est langage humain, intelligible. Point de compromis avec une prétendu fidélité, mais un art dépourvu de lourdeurs, de détails affligeants qui donnent à certaines œuvres un faux aspect de gouaches ou de peintures à l’huile[62] ».
 
Dans le sillon du Salon des indépendants, est fondée à Oujda, l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc Oriental en 1933. Cette partie du Maroc qui était en proie à des conflits depuis 1921 reprend petit à petit vie avec la fin des hostilités de la guerre du rif. Oujda, située vers la frontière algérienne, prend un essor culturel au début des années trente. La ville s’ouvre au tourisme et en même temps elle profite, elle aussi du fleurissement des expositions artistiques pour créer son association. Son président est M. Reine. L’Association des peintres et sculpteurs du Maroc Oriental a pour objectifs de  mettre en valeur sa région  par le biais de la peinture et de la sculpture sans pour autant imposer de thème obligatoire à ses adhérents. Elle a aussi pour but d’ouvrir un musée des Beaux-arts à Oujda et de promouvoir des artistes locaux[63]. Pour cela, elle organise un salon annuel qui dure de 1933 à 1939. À la première manifestation de 1933, on compte seize exposants tous peintres sauf  Théodore Sanchez qui est peintre et sculpteur à la fois[64]. Au second Salon, quatre autres artistes viennent compléter les premiers exposants. Au fur et à mesure des expositions, d’autres artistes agrandissent l’Association. Le plus célèbre d’entre eux est Henry Pontoy qui adhère à la société en 1937[65].
 
Après Oujda, c’est Meknès qui fonde sa société artistique en 1934. Elle a pour nom l’Union artistique de Meknès. Son président, M. Freyssinet, n’est ni peintre ni sculpteur[66]. Les expositions annuelles se situent dans les magasins extérieurs du marché central de Meknès. Les artistes qui participent à ces manifestations sont pour la plupart des locaux. Parmi ses illustres inconnus, on compte un adhérent de l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc, le caricaturiste Paul Néri[67].

Enfin, en 1936 à Rabat, est fondé le Foyer artistique des peintres du Maroc. Son président est René Martin (1891-1977). Ce peintre suisse s’est installé à Marrakech depuis 1925. « Il consacre la plus grande partie de son œuvre au paysage marocain, aux types, aux scènes si pittoresques de la vie rude des montagnards. [68]»  Le premier salon de ce regroupement de peintres et sculpteurs ouvrent en décembre 1936 dans le hall du Service du Commerce à Rabat[69]. Les expositions suivantes se font  au Pavillon des expositions du Triangle de vue à Rabat[70]. En 1937, le foyer compte soixante-cinq adhérents[71]. Comme l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc, le Foyer artistique des peintres du Maroc favorise les artistes figurant des vues du pays. Elle prétend peut-être prendre la place de la première société artistique du Maroc.
Malgré une floraison de sociétés artistiques, il existe des peintres indépendants qui ne participent pas aux différents salons mais exposent périodiquement dans les galeries de Rabat, Casablanca et de Marrakech. C’est le cas de la famille Teslar. Olek Teslar (1900-1952) est un peintre polonais qui a été assistant dans la section peinture à l’Académie des Arts décoratif de Nice à la fin des années vingt. Il se marie avec son élève, Jeannine Guillou, en 1929. Ce couple de peintre part en Pologne en 1931 où nait son fils, Antoine. Ils parcourent les Carpates avant de se fixer définitivement à Marrakech en 1932 où ils rejoignent les deux frères d’Olek, Antoine[72] et Alexandre, eux-aussi artistes.  Antoine Teslar a commencé à présenter des céramiques émaillées à Marrakech en 1931 avant de passer à l’aquarelle en 1934[73]. À partir de cette date-là, il n’expose plus que ses toiles en compagnie de son frère et de sa belle-sœur. En 1935, les trois artistes présentent leurs tableaux de Concarneau et Quimper ainsi que des aquarelles du Maroc à la galerie Derche à Casablanca[74]. L’année suivante est exceptionnelle pour Antoine qui expose des vues de Marrakech à la galerie « L’Echo du Maroc » à Rabat et à la galerie Charpentier à Paris[75].

 
Après la Seconde Guerre mondiale, le Maroc retrouve un second souffle culturel avec l’éclosion de nouveaux salons. Le retour à plus intense activité de l’Association des peintres et sculpteurs français professionnels du Maroc en 1946 est accompagné par la création l’Union des peintres et sculpteurs professionnels du Maroc en 1947. Cette société artistique a pour président le sculpteur et peintre Henri Wacquiez, directeur de l’Ecole des beaux-arts de Casablanca. L’objectif de l’Union est l’entraide et le secours ainsi que la défense des intérêts des artistiques qui y adhèrent[76]. La société à deux sièges, l’un à Rabat et l’autre à Casablanca. Sa première exposition annuelle à lieu à la boutique d’art de Rabat entre le 10 et le 21 octobre 1947[77].
La même année, à Casablanca, est créé le Salon d’Automne[78]. Il  a pour but de montrer une fois l’an les meilleurs artistes français et marocains du pays. Son président Bernard Saint-Aignan encourage ainsi les jeunes talents marocains à venir exposer. Les adhérents des sociétés artistiques existantes viennent aussi y présenter leurs œuvres après que ces dernières ont été validées par le jury de l’exposition. Celui-ci devient de plus en plus sévère après deux ans d’existence du Salon. Les peintres et sculpteurs sont sélectionnés par rapport à leurs qualités et non à leur notoriété. Finalement très peu d’artistes sont présentés au Salon. On retrouve parmi les heureux participants beaucoup d’inconnus et aussi quelques grands comme Henri Wacquiez. Ce dernier expose, au Salon de 1949, deux tableaux, Le Sebou et Sidi Bernoussi, ainsi qu’une sculpture, Panthère se léchant[79]. Les premiers peintres marocains apparaissent aussi aux Salons d’Automne. Ils ne sont que trois,  Mohamed Ben Allal[80], Farid Belkahia[81] et Moulay Ahmed Drissi[82]. Ils illustrent déjà la jeune génération de peintres modernes[83]. On retrouve ces trois artistes au salon d’hiver de Marrakech[84] qui ouvre ses portes en 1949. Son président est Olek Teslar jusqu’en 1952, date de sa mort.  Le Salon d’hiver de Marrakech a pour but de nouer des relations artistiques entre la métropole, le Maroc et l’étranger. Pour cela, il est ouvert aux artistes professionnels français, étrangers et marocains. Il encourage aussi les amateurs à venir présenter leurs œuvres. Au premier Salon, on compte quarante-quatre exposants dont deux Marocains. Au Salon de 1951-52, on compte quatre-vingt-six exposants dont cinq artistes marocains et au troisième Salon de 1952-1953, on compte soixante-treize exposants dont six peintres marocains[85]. À côté des trois artistes,  Mohamed Ben Allal, Farid Belkahia, Moulay Ahmed Drissi, apparaissent Omar Mechmacha, Mohamed Ben Driss et Si Hassan el Glaoui[86]. Ces plasticiens sont issus d’une tradition orientaliste et classique à cause de leur contact avec les artistes français au Maroc. Ils puisent leurs sujets, comme leurs confrères, « dans un environnement immédiat de carte postale et se complaisent dans le traitement de scènes folkloriques empruntées à la vie quotidienne.[87] » Ces peintres n’exposent pas uniquement qu’aux Salons d’Automne et d’Hiver. Le Service des arts et folklore du Maroc dirigé par Marcel Vicaire les encadre aussi en les présentant dans tout le pays grâce à des exposions itinérantes. La première a lieu en 1956 à Rabat. La seconde et la troisième ont lieu respectivement à Rabat en 1958  et 1959[88]. Après l’indépendance, les artistes marocains sont de plus en plus nombreux. Ils remettent en question leur héritage occidental et ouvrent de nouveaux horizons à l’art plastique marocain.

 

En retrait par rapport à la Tunisie et à l’Algérie en ce qui concerne la création des sociétés artistiques, le Maroc rattrapent les autres pays du Maghreb à partir de 1923. En effet, l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc apparaît sur le devant de la scène. Elle permet de faire connaitre les artistes français résidents du Maroc au sein même du pays mais aussi à l’étranger par le biais de nombreuses expositions collectives et individuelles. Elle épaule le gouvernement colonial afin de mettre en place des musées des Beaux-arts permettant la valorisation de la modernité des arts plastiques au Maroc. Son influence est grande car elle favorise l’émergence d’autres sociétés artistiques. Ces dernières promeuvent  les peintres et sculpteurs des différentes régions du pays ainsi que les Marocains eux même. Les Salons d’Automne de Casablanca et d’Hiver de Marrakech participent à la mise en valeur de ces jeunes artistes, complétant ainsi le rôle du Service des arts et du folklore  instauré au Maroc en 1945. La fin du protectorat n’enraye pas le développement de la peinture et de la sculpture marocaine. Bien au contraire, elle permet aux artistes de dépasser les œuvres classiques avec la création de courants modernes. « La Jeune peinture marocaine », selon le titre de l’exposition qui à lieu à la galerie Bab Rouah à Rabat en 1960, explose et participe à la création d’un art contemporain qui se renouvelle année après année.



[1] Lumières tunisiennes, (Exposition au Pavillon des Arts 19 mai-3 septembre 1985), Association française d’Action Artistique, Paris, Édition des Musées de la Ville de Paris/AFAA, 1995, p.14.
[2] Rabanit, Henri, « Art et littérature », France-Maroc, juin 1923, p. 118.
[3] Ce Salon est une création du Stade Marocain de Tanger. Les artistes français, étrangers et résidents en Algérie y participent. Ce Salon durera durant toute  la période du protectorat français.
[4] La Société coloniale des artistes français voit le jour en 1908 à Paris.
[5] Trois foires ont été  mises en place au début du protectorat, l’Exposition de Casablanca en 1915, la Foire de Rabat en 1916 et la Foire de Fès en 1917. Ces manifestations étaient les vitrines des œuvres de la colonisation française au Maroc. [6] Rouger, Gustave, « Nos artistes au Maroc », L’Art et les Artistes, novembre 1922, p. 3 à 40.
[7] Maurice Tranchant de Lunel est directeur du Service des Antiquités, beaux-arts et monuments historiques jusqu’en 1923. Joseph de la Nézière est directeur de l’Office des arts indigènes jusqu’en 1923. Albert Laprade est architecte au Maroc qu’il quitte aussi au début des années 1920. Quant à Gabriel Rousseau, il restera inspecteurs  de l’Enseignement professionnels et du dessin aux arts indigènes jusqu’en 1935.
[8] Théliol, Mylène, « L’Association des peintres et sculpteurs du Maroc (1922-1933) », Rives méditerranéennes, Jeune chercheur,  n° 32-33, février 2009, p. 242
[9] K.er-Melin, «Les Artistes au Maroc : L’Exposition de la « Kasbah » », France-Maroc, n°86, janvier 1924, p. 3
[10]K.er-Melin, « Les Artistes au Maroc : L’Exposition de la « Kasbah » », France-Maroc, n°91, juin 1924, p. 107-115
[11] Archives privées d’Astrid Mallick,  Procès verbal  de l’Assemblée générale de l’Association des peintres et sculpteurs professionnels du Maroc du 28 juin 1941.
[12] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : « Lettre de Monsieur Baldoui au Résident général au Maroc, Erik Labonne, l’invitant à l’exposition de l’Association des peintres et sculpteurs français professionnels du Maroc », 2 octobre 1946
[13] Ker-Merlin, « Les Artistes au Maroc : L’Exposition de la « Kasbah » », France-Maroc, n°86, janvier 1924, p.3-6
[14] Elle se mariera avec André Reveillaud et deviendra Suzanne Drouet-Reveillaud en 1926.
[15] « Exposition de la Kasbah à Paris », France-Maroc, novembre 1924, p. 194. Les peintres de l’Association exposent avec d’autres peintres ayant résidé au Maroc ou juste passé dans ce pays comme Joseph de la Nézière, Bernard Boutet de Monvel, Jean Bouchaud….
[16] Ker-Merlin, « Les expositions marocaines », France-Maroc, n°109, décembre 1925,  p.223-224.
[17] Rousseau, Gabriel, « Peintres et peintures au Maroc », Le monde colonial illustré, avril 1930, p.5-6.
[18]Henry Pontoy (1888-1968) est peintre français indépendant qui s’est installé à Fès dès 1925. Il enseigne le dessin au collège Moulay Idriss jusqu’en 1940. Il peint sur le vif de nombreuses vues de la région de Fès mais des paysages du Sud du Maroc. Il réside au pays chérifien jusqu’en 1965.
[19] Marguerite Delorme réside à Fès depuis 1921. Elle est une artiste reconnue dès 1924 par le biais d’expositions personnelles à rabat mais aussi à Paris. Il est fort probable qu’elle ait rejoint l’Association des peintres et sculpteurs du Maroc entre 1924 et 1925.
[20] Robert Camille Quesnel (1881-1962) habite Sefrou depuis 1930 où il a ouvert un atelier.  Il y peint de nombreux paysages de la région ainsi que des portraits et des scènes de la vie quotidienne à l’aquarelle ou à la gouache. Il réalise aussi des séries d’aquarelles sur la chasse car c’est un sport qu’il affectionne. Il les présente pour la première fois à la galerie de « L’Echo du Marc » à Rabat en 1936
[21] Raymond Crétot-Duval (1895-1986) est adhérent à la Société des artistes français et des paysagistes français. Il parcourt le Maroc entre 1934 et 1937 pour recueillir des vues de ce beau pays. Lors de ces pérégrinations, il expose régulièrement à Rabat, Casablanca, Marrakech et Fès où il s’installe après 1945.
[22] Archives privées d’Astrid Mallick,  Procès verbal  de l’Assemblée générale de l’Association des peintres et sculpteurs professionnels du Maroc du 28 juin 1941.
[23] Baldoui, Jean, « L’évolution », Nord-Sud : les Arts indigènes, 1933, p. 58 (56-59)
[24] Elle tient cette agence jusqu’à sa mort en 1924.
[25] Théliol, Mylène, op.cit, p. 245
[26] Ibidem, p. 243
[27] Le palais de la Mamounia à Rabat accueille  la Direction de l’Instruction publique, des beaux-arts et des antiquités  dès 1930 et un pavillon est réservé aux expositions d’art. 
[28] « Une double exposition à la Mamounia », L’Afrique du Nord illustrée, 2 mars 1929, p.7
[29] « L’exposition du Sculpteur de Hérain à Rabat », L’Afrique du Nord illustrée, 15 février 1930, p.11.
[30] « La semaine artistique : le Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 8 juin 1935, p.15.
[31] « Peintres marocains : l’exposition Vicaire à Casablanca », L’Afrique du Nord illustrée, 30 janvier 1932, p.17
[32] Henry, Paul, « L’exposition Porta-Mammeri à Marrakech », L’Afrique du Nord illustrée, 2 février 1934, p.5
[33] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique », L’Afrique du Nord illustrée, 6 décembre 1934, p.VII
[34] Rabat est devenue la capitale du Maroc en 1913.
[35] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Le Maroc», L’Afrique du Nord illustrée, 23 novembre 1935, p.35
[36] « Le peintre et le Sultan », L’Afrique du Nord illustrée, 2 février 1929, p.3
[37] René-Xavier Prinet (1861-1946) a été l’élève de Jean Léon Gérôme. C’est un artiste académique proche des artistes comme Albert Besnard, Lucien Simon et Antoine Bourdelle. Il enseigne le dessin et la peinture dans un atelier pour les femmes-artistes à l’Ecole nationale des Beaux-arts à Paris. Il peint des intérieurs bourgeois, des portraits, quelques tableaux d’histoire et des paysages de Franche-Comté et de Normandie.
[38] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : -« Lettre de M. Borély, directeur du Service des beaux-arts et monuments historique au Résident général de la République française au Maroc concernant la réception d’un tableau du peintre Prinet au musée des arts Français, à la Mamounia, à Rabat »,  16 décembre 1933, n°180DRS.
[39] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 23 novembre 1935, p.35.
[40] Exposition des arts marocains au Pavillon de Marsan, mai-juin 1917, Édition de France-Maroc, 1917, p. 2-6.
[41] Gaston Broquet est le premier à la recevoir.
[42] Catalogue de la société coloniale des artistes français, 1928, p.8.
[43] Randau, Robert, « L’Exposition artistique de l’Afrique française », L’Afrique du Nord illustrée, 25 mai 1934, p.3-4.
[44] « L’Exposition artistique de l’Afrique française », L’Afrique du Nord illustrée, 15 juin 1929, p.3
[45] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/93, Exposition
[46] « Une exposition artistique Nord-africaine à Tunis », L’Afrique du Nord illustrée, 14 mai 1928, p.6
[47] Vidalenc, Georges, « L’exposition triennale nord-africaine de 1929 », L’Art et les artistes, octobre 1929, p.33-34
[48] « L’Exposition triennale nord-africaine de peinture et de sculpture », L’Afrique du Nord illustrée, 22 avril 1933, p.11
[49] Hardy, Georges, « La vie intellectuelle et artistique au Maroc », Le comité de l’Afrique française et le comité du Maroc, supplément de mars 1927, n°3, p.111
[50] « Premier Salon militaire au Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 17 novembre 1928, p.5
[51] Odette Bruneau (1891-1984) a étudié le dessin à l’Ecole des beaux-arts de Besançon entre 1908 et 1911. Elle poursuit son apprentissage de peintre à Paris auprès de Fernand Cormon. Epouse d’un officier, elle le suit au Maroc en 1916. Le couple s’installe à Casablanca. Odette devient professeur de dessin dans un lycée. Elle participe aux salons des militaires dès 1928. Dans les années 1930, elle expose dans les galeries casablancaises comme la galerie Monterrat en 1935.
[52] Théophile-Jean  Delaye (1896-1970),  lieutenant dans l’armée,  est affecté en 1925  au Service géographique de l’Armée au Maroc. Il réside dans ce pays jusqu’en 1960. Il est aussi un grand artiste croquant sur le vif au fusain, à l’aquarelle, à l’encre de chine ou à la gouache les hommes comme les paysages de l’ensemble du Maroc.
[53] « Le troisième Salon militaire de Peinture à Casablanca », L’Afrique du Nord illustrée, 24 octobre 1930, p.14
[54] « Le troisième Salon militaire de Peinture, Sculpture et Arts appliqués des Troupes du Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 27 septembre 1930, p.5.
[55] « Les Maisons des arts au Maroc », L’Art et les artistes, n°40, octobre 1923, p. 202.
[56] Jean-Emile Laurent expose ses peintures dans une galerie au boulevard Poeymirau à Fès en février 1936 in Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 21 février 1936, p.15.
[57] Le peintre Louis Endrès présente ses toiles dans les stalles extérieures du Marché central de Meknès in Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 8 juin 1935, p.15
[58] J’au uniquement des documents concernant le premier Salon des indépendants du Maroc. Je ne sais pas si d’autres manifestations ont suivi entre 1934 et 1939. 
[59] « Un salon des indépendants au Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 7 janvier 1933, p.11
[60] Ibidem.
[61] Une autre exposition d’Albert Abt a lieu au même endroit entre décembre 1935 et janvier 1936 avec les mêmes toiles.
[62] Ferry, Robert, « Albert Abt, peintre à la Galerie O’Hana, à Casablanca », L’Afrique du Nord illustrée, 22 décembre 1934.
[63] « Le second salon de peinture et de sculpture », L’Afrique du Nord illustrée, 22 juin 1934, p.8-9
[64] « Le Salon des Artistes du Maroc Oriental », L’Afrique du Nord illustrée, 11 mars 1933, p.14.
[65] De Sivry, Jean, « Maroc Oujda : Vernissage », L’Afrique du Nord illustrée, 15 juin 1937, p. 9
[66] « Les premiers jeux floraux à Meknès », L’Afrique du Nord illustrée, 6 juin 1936, p.9
[67] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 6 juillet 1935, p.13.
[68] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 18 juillet 1936, p.14.
[69] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc-Rabat », L’Afrique du Nord illustrée, 21 novembre 1936, p.14
[70] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : « Lettre de Monsieur René Martin au Résident général de la République française au Maroc indiquant la liste du nouveau bureau du Foyer pour l’année 1937 », 20 janvier 1937
[71] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : Lettre de Monsieur René Martin, Président du Foyer artistique des peintres du Maroc, au Résident général de la République française au Maroc, l’invitant à l’exposition de ce foyer qui se déroulera le 10 novembre 1937 à 16 heures, au Pavillon des expositions du triangle de Vue à Rabat », 3 novembre 1937
[72] Olek Teslar ouvre un atelier de peinture à Marrakech.
[73] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 18 avril 1936, p.19
[74] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Maroc », L’Afrique du Nord illustrée, 23 novembre 1935, p. 35.
[75] Arnaudies, Fernand, « La semaine artistique : Paris », L’Afrique du Nord illustrée, 19 décembre 1936, p.11
[76] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : « Projet de la création d’un groupement d’artistes à Rabat », 25 septembre 1947
[77] CADAN, Archives du protectorat du Maroc, Cabinet civil, 1MA/6B, artistes au Maroc : « Lettre de M. Wacquiez, Vice-président de l’Union des peintres et sculpteurs professionnel du Maroc, au Général Juin, Résident général de France au Maroc, l’invitant à la première exposition de l’Union qui se tient à Rabat, à la boutique d’art entre le 10 et 21 octobre 1947 », 8 octobre 1947.
[78] Le Salon d’Automne de Casablanca  existe encore de nos jours.
[79] CADAN, Archives du protectorat français au Maroc, Cabinet civil, 1MA/93, exposition : Catalogue du Salon d’Automne de Casablanca du 21 octobre au 6 novembre 1949.
[80] Mohamed Ben Allal a travaillé (1928-1995) comme cuisinier chez le peintre Jacques Azéma à Marrakech à partir de 1944. Celui-ci l’encourage à déployer sa fougue créative dans la peinture. En 1953 et grâce à l’appui de son mentor, Mohamed Ben Allal participe à une première exposition avec d’autres artistes marocains dont Farid Belkahia et Moulay Ahmed Drissi. Il s’impose alors d'emblée comme l’un des principaux représentants de l’école naïve au Maroc.  www.abc-artgallery.com
[81] Farid Belkahia est né en 1934 à Marrakech. Il est imprégné d’art grâce à son père qui fréquente les milieux artistiques étrangers. Il se lie aux peintres Antoine, Olek, Jeannine Teslar et Nicolas de Staël. Voir son site internet : www.faridbelkahia.com
[82] Moulay Ahmed Drissi (1924-1973) : Il s’intéresse à la peinture et à la sculpture en autodidacte. Sa rencontre en 1945 avec des peintres suisses marque le début de sa carrière. Il réalise de nombreux voyages à l’étranger (Suède, Italie) et un long séjour à Paris. Sa première exposition personnelle a lieu en 1952 à Lausanne. Il est un peintre naïf.
[83] CADAN, Archives du protectorat français au Maroc, Cabinet civil, 1MA/93, exposition : « Lettre du Président du Salon d’Automne de Casablanca, Bernard Saint-Aignan, à sa Majesté Mohamed Ben Youssef », 19 novembre 1955.
[84] CADAN, Archives du protectorat français au Maroc, Cabinet civil, 1MA/93, exposition : Catalogues du deuxième et troisième  Salon d’hiver du Maroc à Marrakech. 
[85] CADAN, Archives du protectorat français au Maroc, Cabinet civil, 1MA/93, exposition : « Lettre de Monsieur Olek Teslar, artiste-peintre, au Résident général de la France au Maroc, le général Juin, expliquant les  objectifs de la fondation du salon d’hiver de Marrakech », 22 janvier 1952
[86] Hassan El Glaoui est né en 1923 à Marrakech. Il est le fils du Pacha de la ville, Thami El Mezouari El Glaoui (1879-1956). C’est grâce à Winston Churchill, un ami de son père, que le jeune part en Europe étudié la peinture auprès des grands artistes à la fin des années 1940. Il revient au Maroc où il peint notamment des scènes de chevaux (fantasias), natures mortes et des portraits.
[87] M’rabet, Khalil, Peinture et identité : l’expérience marocaine, Edition l’Harmattan, Paris, 1987, p. 58.
[88] Ibidem, p.157