Derrière ses remparts crénelés ocre rouge, se dresse la médina de Marrakech. Une zone non-aedificandi et une route l’entourant, la séparent de la ville nouvelle, le Guéliz, construit à partir de 1913.
Des édifices coloniaux de deux étages et s’harmonisant avec le style architectural de la médina, il n’en reste que quelques exemplaires vers la Koutoubia. La ville moderne impose ses bâtiments à plusieurs niveaux d’un modèle trop occidental. Ville de villégiature depu is 1920, Marrakech a vu se multiplier les touristes chaque année. Les prix ont subi aussi la même inflation. Les appartements se louent à quelques millions de dirhams. Ils sont trop coûteux pour des marocains dont le salaire moyen est de trois cent cinquante euros. Pour atteindre la médina, il faut remonter l’avenue Mohamed V. Il conduit à au minaret de la Koutoubia, symbole d’un pouvoir royal et religieux toujours en place depuis douze siècles. L’ancienne capitale almohade a encore gardé ses vestiges. La place Jemaa el Fna, classée depuis peu au patrimoine mondial immatériel par l’Unesco, en est la preuve vivante. Elle s’éveille dès 17h. Mais déjà en journée, des vendeurs d’eau en habit rouge, les singes et les serpents du désert sont présents afin d’appâter les badauds toujours curieux de spectacles captivants. Cette place permet d’entrer par la gauche vers les souks où s’échelonnent toutes sortes de boutiques offrant leurs richesses aux yeux des futurs acheteurs. Chaque corps de métier est rassemblé par coopérative et occupe un espace bien défini depuis des siècles. Ainsi, on avance au travers les étales des artisans du tissu puis dans ceux des potiers. Le quartier des tanneurs et des forgerons se jouxtent. Ces métiers étant salissants, ils sont donc plus éloignés du centre. Le marché aux légumes se situe entre le souk et la place Jemaa el Fna. Les femmes berbères y viennent faire leurs achats. On palabre beaucoup afin d’économiser quelques piécettes pour acquérir une parure argentée, bracelet ou main de fatma, dont la devanture de la toute proche bijouterie offre à leur vue. Cela fait bien longtemps que les fellahs n’investissent plus les fondouks. La motorisation a tué cet entrepôt-hôtel où les hommes et les bêtes de somme s’entassaient avant la nuit afin de vendre leurs produits le lendemain dans la médina. Ces fondouks tombent en ruine, quelques-uns sont restaurés. On y voit les gravas au rez-de-chaussée tandis qu’une balance à peser la marchandise pend encore entre deux poutres en bois. En haut, les chambres du premier étage procuraient le calme pour le repos ou le délice d’une nuit dans les bras des prostituées.
En contournant la place Jemaa el Fna par la droite, suivant la route qui longe les remparts, une porte, Bab Agneou, ouvragée de festons, ouvre un espace vers les tombeaux Saadiens. L’édifice renferme les mausolées et les stèles des souverains et des nobles de la dynastie marocaine des Saadiens (XIV°-XVI° siècles). Le long de la rue qui s’enfonce dans la médina, des passants s’agglutinent aux abords des pâtisseries où bourdonnent des essaims d’abeilles attirées par le miel dégoulinant des gâteaux. Durant la période de ramadan, les Marocains doivent attendre la tombée de la nuit pour déguster ces douceurs culinaires. Ici, la route est encombrée de vélo, de mobylettes et d’autos. Le code de la route se fait au klaxon. Chacun doit faire son propre chemin pour pouvoir avancer. Le bruit de la circulation s’estompe quand on s’introduit dans la cour des riads ou des palais avoisinants. Les patios clair-obscur offrent la tranquillité et la fraîcheur ombragée de la végétation des jardins intérieurs.
Certains de ces riads sont devenus des restaurants. Les palais des anciens sultans ou des caïds se sont changés en musées. Les patios se sont alors couverts d’une toiture et d’un plafond de bois peint dans le style local. Il n’y a plus que l’eau des vasques ruisselant sur le zellige pour se souvenir qu’ils étaient ouverts sur le ciel de l’Atlas.
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